IV.1 Zueignung (Dédicace)


Cette dédicace est un peu étrange car elle décrit l'état d'esprit dans lequel se trouve le poète lorsqu'il reprend son travail. Normalement, une dédicace est adressée au lecteur une fois l'œuvre terminée, mais cette dédicace décrit les sentiments qu'il éprouve lorsqu'il se remet au travail. Il se souvient de sa jeunesse, de ses amis qui sont maintenant dispersés (ou morts comme Friedrich Schiller) dans le monde entier, des idées et des visions qu'il avait à l'époque, et surtout de son désir de enfoncer encore une fois dans le monde sérieux de ses pensées.

  IV.1 Zueignung

FAUST: Eine Tragödie Faust: une tragédie
Zueignung
Dédicace
Ihr naht euch wieder, schwankende Gestalten,
Die früh sich einst dem trüben Blick gezeigt.
Versuch ich wohl, euch diesmal festzuhalten?
Fühl ich mein Herz noch jenem Wahn geneigt?
Ihr drängt euch zu! nun gut, so mögt ihr walten,
Wie ihr aus Dunst und Nebel um mich steigt;
Mein Busen fühlt sich jugendlich erschüttert
Vom Zauberhauch, der euren Zug umwittert.
Vous voilà de nouveau, formes aériennes Qui flottiez à mes yeux dans la lumière et l’or. Tenterai-je à présent d’arrêter votre essor ? Et mon cœur, tout flétri par l’âge et par les peines, Vers ces illusions incline-t-il encor ? Oh ! venez, approchez ; fort bien, douces images ; Car tandis que du sein des humides nuages Je vous vois aujourd’hui vous élancer vers moi, Ô merveille ! je sens mon cœur tout en émoi Tressaillir de jeunesse à l’influence étrange Du vent frais qui vers moi pousse votre phalange.
Ihr bringt mit euch die Bilder froher Tage,
Und manche liebe Schatten steigen auf;
Gleich einer alten, halbverklungnen Sage
Kommt erste Lieb und Freundschaft mit herauf;
Der Schmerz wird neu, es wiederholt die Klage
Des Lebens labyrinthisch irren Lauf,
Und nennt die Guten, die, um schöne Stunden
Vom Glück getäuscht, vor mir hinweggeschwunden.
Vous portez avec vous les traits de jours heureux, Et je vois s’élever plus d’une ombre chérie ; Comme une voix ancienne et presque évanouie, Les premiers sentiments du printemps de la vie, L’amour et l’amitié, me reviennent tous deux. La douleur se ranime, et la plainte déplore Le labyrinthe humain et son cours tortueux, Et nomme tous les bons qui, déçus à l’aurore, Par l’éclair du bonheur trompés aux jours heureux, Se sont évanouis, hélas ! devant mes yeux. Non, vous n’entendrez point les chants que j’ai fait suivre,
Sie hören nicht die folgenden Gesänge,
Die Seelen, denen ich die ersten sang;
Zerstoben ist das freundliche Gedränge,
Verklungen, ach! der erste Widerklang.
Mein Lied ertönt der unbekannten Menge,
Ihr Beifall selbst macht meinem Herzen bang,
Und was sich sonst an meinem Lied erfreuet,
Wenn es noch lebt, irrt in der Welt zerstreuet.
Nobles âmes à qui j’ai chanté le premier ; La multitude amie a donc cessé de vivre ; L’écho des premiers jours s’est perdu tout entier. Ma plainte retentit pour la foule inconnue, Et ses bravos ne font que me serrer le cœur ; Et tous ceux qui trouvaient l’oubli de la douleur Dans les chants échappés à ma poitrine émue ; Tous ceux que ma parole a jadis embrasés, S’ils vivent, dans le monde, hélas ! sont dispersés.
Und mich ergreift ein längst entwöhntes Sehnen
Nach jenem stillen, ernsten Geisterreich,
Es schwebet nun in unbestimmten Tönen
Mein lispelnd Lied, der Äolsharfe gleich,
Ein Schauer faßt mich, Träne folgt den Tränen,
Das strenge Herz, es fühlt sich mild und weich;
Was ich besitze, seh ich wie im Weiten,
Und was verschwand, wird mir zu Wirklichkeiten.
Et j’éprouve en mon cœur pour ce vague domaine, Ce monde des Esprits si calme et si charmant, Une ardeur dont j’avais perdu le sentiment. Mon chant flotte, pareil à la harpe éolienne, En sons mystérieux ; dans la vapeur sereine, Un frisson me saisit, un frisson enchanté ! Mes pleurs coulent ; le cœur sent sa rigidité S’amollir et se fondre à ce vent doux et tiède. Je vois dans le lointain tout ce que je possède, Et ce qui m’avait fui devient réalité !





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