IV.6 Studierzimmer 1 (Cabinet d’étude 1)


À la tombée de la nuit, Faust a quitté la fête populaire et est retourné dans son cabinet de travail. Il donne refuge à un chien qui l'avait déjà suivi depuis l'extérieur. De nouveau enfermé dans son cabinet, l'humeur positive se perd rapidement et il sombre dans le désespoir. Dans cet état, le chien devient MÉPHISTOPHÉLÈS. Mais le fameux pacte entre Faust et MÉPHISTOPHÉLÉLÈS n'est pas encore conclu. MÉPHISTOPHÉLÈS veut partir mais ne le peut pas car un pentagramme (un signe similaire à l'étoile de David plus connue mais avec seulement 5 points) l'en empêche. Faust trouve ridicule que le roi des enfers soit impressionné par une telle bêtise, mais il en est ainsi, même en enfer il y a des règles strictes. Il a pu entrer parce que le pentagramme n'était pas parfaitement conçu, mais ce pentagramme, bien que non parfait, l'empêche de sortir. Après avoir endormi Faustus, grâce aux forces magiques dont il est le maître, il appelle une souris pour ronger le pentagramme, lui permettant ainsi de partir.

  IV.6 Studierzimmer 1 (Cabinet d’étude 1)


Studierzimmer
Cabinet d’étude
Faust mit dem Pudel hereintretend.
FAUST, entrant avec le Barbet.
FAUST: Faust:
Verlassen hab ich Feld und Auen,
Die eine tiefe Nacht bedeckt,
Mit ahnungsvollem, heil'gem Grauen
In uns die beßre Seele weckt.
Entschlafen sind nun wilde Triebe
Mit jedem ungestümen Tun;
Es reget sich die Menschenliebe,
Die Liebe Gottes regt sich nun.
Sei ruhig, Pudel! renne nicht hin und wider!
An der Schwelle was schnoperst du hier?
Lege dich hinter den Ofen nieder,
Mein bestes Kissen geb ich dir.
Wie du draußen auf dem bergigen Wege
Durch Rennen und Springen ergetzt uns hast,
So nimm nun auch von mir die Pflege,
Als ein willkommner stiller Gast.
Ach wenn in unsrer engen Zelle
Die Lampe freundlich wieder brennt,
Dann wird's in unserm Busen helle,
Im Herzen, das sich selber kennt.
Vernunft fängt wieder an zu sprechen,
Und Hoffnung wieder an zu blühn,
Man sehnt sich nach des Lebens Bächen,
Ach! nach des Lebens Quelle hin. Knurre nicht, Pudel! Zu den heiligen Tönen,
Die jetzt meine ganze Seel umfassen,
Will der tierische Laut nicht passen.
Wir sind gewohnt, daß die Menschen verhöhnen,
Was sie nicht verstehn,
Daß sie vor dem Guten und Schönen,
Das ihnen oft beschwerlich ist, murren;
Will es der Hund, wie sie, beknurren?
Aber ach! schon fühl ich, bei dem besten Willen,
Befriedigung nicht mehr aus dem Busen quillen.
Aber warum muß der Strom so bald versiegen,
Und wir wieder im Durste liegen?
Davon hab ich so viel Erfahrung.
Doch dieser Mangel läßt sich ersetzen,
Wir lernen das Überirdische schätzen,
Wir sehnen uns nach Offenbarung,
Die nirgends würd'ger und schöner brennt
Als in dem Neuen Testament.
Mich drängt's, den Grundtext aufzuschlagen,
Mit redlichem Gefühl einmal
Das heilige Original
In mein geliebtes Deutsch zu übertragen,
(Er schlägt ein Volum auf und schickt sich an.)
Geschrieben steht: »Im Anfang war das Wort!«
Hier stock ich schon! Wer hilft mir weiter fort?
Ich kann das Wort so hoch unmöglich schätzen,
Ich muß es anders übersetzen,
Wenn ich vom Geiste recht erleuchtet bin.
Geschrieben steht: Im Anfang war der Sinn.
Bedenke wohl die erste Zeile,
Daß deine Feder sich nicht übereile!
Ist es der Sinn, der alles wirkt und schafft?
Es sollte stehn: Im Anfang war die Kraft!
Doch, auch indem ich dieses niederschreibe,
Schon warnt mich was, daß ich dabei nicht bleibe.
Mir hilft der Geist! Auf einmal seh ich Rat
Und schreibe getrost: Im Anfang war die Tat!
Soll ich mit dir das Zimmer teilen,
Pudel, so laß das Heulen,
So laß das Bellen!
Solch einen störenden Gesellen
Mag ich nicht in der Nähe leiden.
Einer von uns beiden
Muß die Zelle meiden.
Ungern heb ich das Gastrecht auf,
Die Tür ist offen, hast freien Lauf.
Aber was muß ich sehen!
Kann das natürlich geschehen?
Ist es Schatten? ist's Wirklichkeit?
Wie wird mein Pudel lang und breit!
Er hebt sich mit Gewalt,
Das ist nicht eines Hundes Gestalt!
Welch ein Gespenst bracht ich ins Haus!
Schon sieht er wie ein Nilpferd aus,
Mit feurigen Augen, schrecklichem Gebiß.
Oh! du bist mir gewiß!
Für solche halbe Höllenbrut
Ist Salomonis Schlüssel gut.
J’ai laissé la plaine et la campagne,
qu’une nuit profonde enveloppe ;
l’âme supérieure s’éveille en moi
au milieu des pressentiments d’un effroi sacré.
Les penchants grossiers sommeillent,
avec eux toute orageuse activité ;
l’amour des hommes s’émeut en mon sein à cette heure,
l’amour de Dieu aussi.
Tiens-toi donc en repos, Barbet ! Ne cours pas çà et là !
Que flaires-tu au seuil de cette porte ?
Couche-toi derrière le poète,
je te donne mon meilleur coussin.
Là-bas, sur le chemin de la montagne,
tu nous as divertis par tes tours et tes bonds,
et maintenant, laisse que je t’héberge
comme un hôte bienvenu et paisible.
Ah ! lorsque, dans notre étroite cellule,
la lampe recommence à luire en amie,
une douce lumière pénètre dans notre sein,
dans le cœur qui a conscience de lui-même.
La raison recommence à parler, l’espérance à fleurir,
et l’on aspire avec ardeur
vers les torrents de la vie,
ah ! vers les sources de la vie ! Ne grogne pas, Barbet ! Aux sons sacrés
qui remplissent mon âme tout entière,
les hurlements d’un animal ne sauraient s’accorder.
Il n’est pas rare de voir les hommes
huer ce qu’ils ne comprennent pas,
et murmurer en face du bien et du beau
qui souvent les importunent ;
le chien va-t-il grogner à leur exemple ?
Mais, hélas ! déjà je sens qu’avec la meilleure volonté l
a satisfaction ne jaillit plus de mon sein.
Pourquoi faut-il donc que si tôt le fleuve se tarisse,
et nous laisse de nouveau nous consumer dans notre soif ?
Que de fois j’en ai fait l’expérience !
Néanmoins, cette misère a ses compensations :
nous apprenons à connaître le prix de ce qui s’élève au-dessus des choses de la terre ;
nous aspirons à la révélation,
qui nulle part ne brille d’un éclat plus digne et plus beau
que dans le Nouveau-Testament.
Je me sens entraîné vers le texte, je veux l’ouvrir,
et traduire une fois,
en la simplicité de mon sentiment, l’original sacré
dans ma chère langue allemande.
(Il ouvre un volume et se prépare.)
Il est écrit : « Au commencement était le Verbe.
» Dès ici je m’arrête. Qui m’aidera à aller plus loin ?
Il m’est impossible de donner tant de valeur au Verbe ;
je dois le traduire autrement,
si l’esprit m’illumine.
Il est écrit : « Au commencement était l’esprit.
» Réfléchis bien à cette première ligne,
et ne laisse point ta plume se hâter.
Est-ce bien l’esprit qui fait et ordonne tout ?
Il devrait y avoir : « Au commencement était la force. »
Et cependant, en écrivant ceci,
quelque chose me dit de ne m’y point tenir.
L’esprit vient à mon aide ; enfin je commence à voir clair, et j’écris avec confiance
: « Au commencement était l’action.
» Je veux bien partager avec toi la chambre ;
Barbet, mais cesse d’aboyer,
cesse de hurler !
Je ne puis souffrir auprès de moi
un si turbulent compagnon.
Il faut qu’un de nous deux
vide la place.
C’est à regret que je viole les droits de l’hospitalité ;
la porte est ouverte, tu as le champ libre.
Mais que vois-je ? Cela tient du prodige !
Est-ce une illusion, une réalité ?
Comme mon Barbet
grandit et s’étend !
il se soulève avec puissance ;
ce n’est plus une forme de chien.
Quel spectre ai-je traîné chez moi ?
Le voilà déjà comme un hippopotame,
avec ses yeux ardents, sa gueule terrible !
Oh ! tu vas être à moi !
Sur une pareille engeance des enfers,
la clef de Salomon est infaillible.
GEISTER (auf dem Gange): ESPRITS, dans le corridor.
Drinnen gefangen ist einer!
Bleibet haußen, folg ihm keiner!
Wie im Eisen der Fuchs,
Zagt ein alter Höllenluchs.
Aber gebt acht!
Schwebet hin, schwebet wider,
Auf und nieder,
Und er hat sich losgemacht.
Könnt ihr ihm nützen,
Laßt ihn nicht sitzen!
Denn er tat uns allen
Schon viel zu Gefallen.
Un de nous est pris là-dedans :
Restez dehors, Esprits ardents,
Évitez tous cette sphère !
Comme un renard au panneau,
Un vieux diable tout penaud
Là se désespère.
Volez tous en bas, en haut :
Il sera libre bientôt.
Qu’il s’évade !
Ne le laissons point là pris !
Portons aide au camarade
Qui nous a toujours servis !
FAUST: Faust:
Erst zu begegnen dem Tiere,
Brauch ich den Spruch der Viere: Salamander soll glühen,
Undene sich winden,
Sylphe verschwinden,
Kobold sich mühen. Wer sie nicht kennte
Die Elemente,
Ihre Kraft
Und Eigenschaft,
Wäre kein Meister
Über die Geister. Verschwind in Flammen,
Salamander!
Rauschend fließe zusammen,
Undene!
Leucht in Meteoren-Schöne,
Sylphe!
Bring häusliche Hülfe,
Incubus! Incubus!
Tritt hervor und mache den Schluß! Keines der Viere
Steckt in dem Tiere.
Es liegt ganz ruhig und grinst mich an;
Ich hab ihm noch nicht weh getan.
Du sollst mich hören
Stärker beschwören. Bist du, Geselle
Ein Flüchtling der Hölle?
So sieh dies Zeichen
Dem sie sich beugen,
Die schwarzen Scharen! Schon schwillt es auf mit borstigen Haaren. Verworfnes Wesen!
Kannst du ihn lesen?
Den nie Entsproßnen,
Unausgesprochnen,
Durch alle Himmel Gegoßnen,
Freventlich Durchstochnen? Hinter den Ofen gebannt,
Schwillt es wie ein Elefant
Den ganzen Raum füllt es an,
Es will zum Nebel zerfließen.
Steige nicht zur Decke hinan!
Lege dich zu des Meisters Füßen!
Du siehst, daß ich nicht vergebens drohe.
Ich versenge dich mit heiliger Lohe!
Erwarte nicht
Das dreimal glühende Licht!
Erwarte nicht
Die stärkste von meinen Künsten!

Et d’abord, pour aborder le monstre,
j’emploierai la conjuration des Quatre : Salamandre doit resplendir,
Ondine se replier,
Sylphe s’évanouir, Gnome travailler !
Qui ne connaîtrait
les éléments,
leur force et leur propriété,
jamais ne serait maître
des Esprits.
Disparais dans le feu,
Salamandre !
En murmurant, coule dans le flot bleu,
Ondine !
Brille dans la splendeur du météore,
Sylphe !
Apporte-moi tes secours assidus,
Incubus ! Incubus !
Viens le dernier, viens tout clore !
Aucun des quatre
N’est au-dedans Du monstre ; il reste calme et me grince les dents.
Non, je n’ai pu lui faire encor de mal !
– Attends,
Je vais maintenant te combattre
Par de plus forts enchantements.
Es-tu, compère,
Un échappé des enfers ?
Alors, tiens tes yeux ouverts,
Et considère
Ce signe auquel résisterait en vain
Le ténébreux essaim.
Il se gonfle et je vois se hérisser son crin !
Être maudit, peux-tu le lire ? L’inexprimable, l’incréé,
Dans tous les cieux adoré
Transpercé par le crime en délire ?
Là, derrière le poêle, ainsi qu’un éléphant,
Il se gonfle, et voilà qu’il remplit tout l’espace ;
On dirait qu’en nuage il va fondre !
Un moment, Ne monte pas ainsi jusqu’au plafond ; ta place Est aux pieds de ton maître. – Allons, sans grincement Obéis, – tu le sais, ma menace est puissante ;
Sinon, je te roussis avec ces feux ardents ! N’attends pas la clarté trois fois incandescente,
N’attends pas
le plus fort
de mes enchantements !

Mephistopheles tritt, indem der Nebel fällt, gekleidet wie ein fahrender Scholastikus, hinter dem Ofen hervor.
MÉPHISTOPHÉLÈS, pendant que le nuage tombe, apparaît derrière le poêle, et s’avance sous l’habit d’un étudiant voyageur.
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Wozu der Lärm? was steht dem Herrn zu Diensten?
Pourquoi ce vacarme ? Qu’y a-t-il pour le service de monsieur ?
FAUST: Faust:
Das also war des Pudels Kern!
Ein fahrender Skolast? Der Kasus macht mich lachen.
C’était donc là ce que cachait le Barbet,
un étudiant voyageur ? Le cas me divertit.
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Ich salutiere den gelehrten Herrn!
Ihr habt mich weidlich schwitzen machen.
Salut au savant docteur !
Vous m’avez rudement fait suer.
FAUST: Faust:
Wie nennst du dich?
Comment te nommes-tu ?
MEPHISTOPHELES:
MÉPHISTOPHÉLÈS:
Die Frage scheint mir klein
Für einen, der das Wort so sehr verachtet,
Der, weit entfernt von allem Schein,
Nur in der Wesen Tiefe trachtet.
La question me paraît puérile
pour un homme qui méprise si souverainement les mots,
et qui, dans son éloignement pour toute apparence,
ne s’attache qu’à contempler le fond des êtres.
FAUST: Faust:
Bei euch, ihr Herrn, kann man das Wesen
Gewöhnlich aus dem Namen lesen,
Wo es sich allzu deutlich weist,
Wenn man euch Fliegengott, Verderber, Lügner heißt.
Nun gut, wer bist du denn?
Chez vous, mes maîtres,
l’être se laisse
lire assez volontiers dans le nom où il se montre clairement,
puisqu’on vous appelle Blasphémateurs, Corrupteurs, Menteurs.
Or ça, qui donc es-tu ?
MEPHISTOPHELES:
MÉPHISTOPHÉLÈS:
Ein Teil von jener Kraft,
Die stets das Böse will und stets das Gute schafft.
Une partie de cette force qui veut toujours
le mal et fait toujours le bien.
FAUST: Faust:
Was ist mit diesem Rätselwort gemeint?
Que signifie cette énigme ?
MEPHISTOPHELES:
MÉPHISTOPHÉLÈS:
Ich bin der Geist, der stets verneint!
Und das mit Recht; denn alles, was entsteht,
Ist wert, daß es zugrunde geht;
Drum besser wär's, daß nichts entstünde.
So ist denn alles, was ihr Sünde,
Zerstörung, kurz, das Böse nennt,
Mein eigentliches Element.
Je suis l’Esprit qui toujours nie,
et, certes, avec raison ;
car tout ce qui existe n’est bon qu’à s’en aller en ruines,
et ce serait mieux s’il n’existait rien.
Ainsi donc tout ce que vous appelez
péché, destruction,
le mal, en un mot, est mon propre élément.
FAUST: Faust:
Du nennst dich einen Teil,
und stehst doch ganz vor mir?
Tu te nommes une partie,
et te tiens cependant entier devant moi.
MEPHISTOPHELES:
MÉPHISTOPHÉLÈS:
Bescheidne Wahrheit sprech ich dir.
Wenn sich der Mensch, die kleine Narrenwelt
Gewöhnlich für ein Ganzes hält-
Ich bin ein Teil des Teils, der anfangs alles war
Ein Teil der Finsternis, die sich das Licht gebar
Das stolze Licht, das nun der Mutter Nacht
Den alten Rang, den Raum ihr streitig macht,
Und doch gelingt's ihm nicht, da es, so viel es strebt,
Verhaftet an den Körpern klebt.
Von Körpern strömt's, die Körper macht es schön,
Ein Körper hemmt's auf seinem Gange;
So, hoff ich, dauert es nicht lange,
Und mit den Körpern wird's zugrunde gehn.
Je te dis l’humble vérité.
Si l’homme, ce petit monde d’extravagance,
s’imagine ordinairement faire à lui seul un tout,
je suis une partie de la partie qui,
au commencement, était tout, une partie des
Ténèbres qui enfantèrent la Lumière, la superbe Lumière, qui maintenant dispute à sa mère, la Nuit, son rang antique et l’espace : ce qui pourtant ne lui réussit pas ;
car, elle a beau faire, repoussée partout,
elle rampe à la surface des corps. Elle jaillit des corps, fait leur beauté ; un corps suffit pour l’arrêter dans sa marche.
Aussi j’espère bien qu’il
n’y en aura pas pour longtemps,
et qu’elle finira par être anéantie avec les corps.
FAUST: Faust:
Nun kenn ich deine würd'gen Pflichten!
Du kannst im Großen nichts vernichten
Und fängst es nun im Kleinen an.
Maintenant, je connais tes dignes fonctions.
Tu ne peux rien anéantir en masse,
et tu t’en prends au détail.
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Und freilich ist nicht viel damit getan.
Was sich dem Nichts entgegenstellt,
Das Etwas, diese plumpe Welt
So viel als ich schon unternommen
Ich wußte nicht ihr beizukommen
Mit Wellen, Stürmen, Schütteln, Brand-
Geruhig bleibt am Ende Meer und Land!
Und dem verdammten Zeug, der Tier- und Menschenbrut,
Dem ist nun gar nichts anzuhaben:
Wie viele hab ich schon begraben!
Und immer zirkuliert ein neues, frisches Blut.
So geht es fort, man möchte rasend werden!
Der Luft, dem Wasser wie der Erden
Entwinden tausend Keime sich,
Im Trocknen, Feuchten, Warmen, Kalten!
Hätt ich mir nicht die Flamme vorbehalten,
Ich hätte nichts Aparts für mich.
Et à vrai dire, il n’y a pas en tout ceci grand ouvrage de fait.
Ce qui s’oppose au néant, le quelque chose,
ce monde grossier,
quelque peine que j’en aie
prise jusqu’ici, je n’ai pu l’entamer.
Les flots, les tempêtes, les bouleversements, les incendies,
rien n’y fait ! la mer et la terre finissent
toujours par rentrer dans leur assiette ;
et sur cette damnée semence, principe des animaux et des hommes, il n’y a rien à gagner. Combien n’en ai-je point enseveli déjà !
et toujours un sang jeune et nouveau circule.
Ainsi vont les choses ; c’est à en devenir fou.
De l’air, des eaux, comme de la terre,
s’échappent des milliers de semences dans le sec,
dans l’humide, dans le chaud, dans le froid !
Si je ne m’étais réservé la flamme,
je n’aurais rien pour moi.
FAUST: Faust:
So setzest du der ewig regen,
Der heilsam schaffenden Gewalt
Die kalte Teufelsfaust entgegen,
Die sich vergebens tückisch ballt!
Was anders suche zu beginnen
Des Chaos wunderlicher Sohn!
Ainsi donc, à l’éternelle activité,
à la force salutairement créatrice,
tu opposes, toi, la main glacée du diable,
qui se raidit vainement avec malice !
Cherche à entreprendre quelque autre chose,
bizarre fils du chaos !
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Wir wollen wirklich uns besinnen,
Die nächsten Male mehr davon!
Dürft ich wohl diesmal mich entfernen?
Oui, nous reviendrons sur ce sujet
la prochaine fois.
Oserais-je, pour cette fois, me retirer ?
FAUST: Faust:
Ich sehe nicht, warum du fragst.
Ich habe jetzt dich kennen lernen
Besuche nun mich, wie du magst.
Hier ist das Fenster, hier die Türe,
Ein Rauchfang ist dir auch gewiß.
Je ne vois pas pourquoi tu le demandes :
j’ai maintenant appris à te connaître ;
visite-moi désormais comme tu veux.
Voici la fenêtre, la porte :
tu peux aussi compter sur la cheminée.
MEPHISTOPHELES:
MÉPHISTOPHÉLÈS:
Gesteh ich's nur! daß ich hinausspaziere,
Verbietet mir ein kleines Hindernis,
Der Drudenfuß auf Eurer Schwelle-
L’avouerai-je ? un petit obstacle
m’empêche de sortir.
Ce pied de sorcière sur votre seuil…
FAUST: Faust:
Das Pentagramm macht dir Pein?
Ei sage mir, du Sohn der Hölle,
Wenn das dich bannt, wie kamst du denn herein?
Wie ward ein solcher Geist betrogen?
Le Pentagramme t’inquiète !
Eh ! dis-moi, fils de l’enfer,
puisque ce signe te repousse, comment es-tu entré ici ?
comment un Esprit tel que toi s’estil abusé de la sorte ?
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Beschaut es recht! es ist nicht gut gezogen:
Der eine Winkel, der nach außen zu,
Ist, wie du siehst, ein wenig offen.
Regarde bien, il n’est pas posé comme il faut :
l’angle tourné du côté de la rue est,
tu le vois, un peu ouvert.
FAUST: Faust:
Das hat der Zufall gut getroffen!
Und mein Gefangner wärst denn du?
Das ist von ungefähr gelungen!
Le hasard s’est bien rencontré !
Ainsi tu serais mon prisonnier ?
j’avais donc presque réussi !
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Der Pudel merkte nichts, als er hereingesprungen,
Die Sache sieht jetzt anders aus:
Der Teufel kann nicht aus dem Haus.
Le Barbet ne remarqua rien lorsqu’il sauta d’un bond dans l’appartement.
La chose a maintenant une tout autre apparence,
et le diable ne peut plus sortir de la maison.
FAUST: Faust:
Doch warum gehst du nicht durchs Fenster?
Mais pourquoi ne passes-tu
pas par la fenêtre ?
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
's ist ein Gesetz der Teufel und Gespenster:
Wo sie hereingeschlüpft, da müssen sie hinaus.
Das erste steht uns frei, beim zweiten sind wir Knechte.
C’est une loi des diables et des spectres,
que par là où ils sont entrés ils doivent sortir.
Le premier de ces deux actes dépend de nous ; quant au second, nous sommes esclaves.
FAUST: Faust:
Die Hölle selbst hat ihre Rechte?
Das find ich gut, da ließe sich ein Pakt,
Und sicher wohl, mit euch, ihr Herren, schließen?
L’enfer même a ses lois !
J’en suis bien aise. De cette manière, on pourrait,
en toute garantie, faire un pacte avec vous, messieurs ?
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Was man verspricht, das sollst du rein genießen,
Dir wird davon nichts abgezwackt.
Doch das ist nicht so kurz zu fassen,
Und wir besprechen das zunächst
Doch jetzo bitt ich, hoch und höchst,
Für dieses Mal mich zu entlassen.
Ce que l’on te promet, tu en as la jouissance entière,
et l’on ne t’en rogne pas la moindre parcelle ;
mais ce n’est point une si petite affaire,
et nous en reparlerons la prochaine fois.
Pour le moment, je te prie
et te supplie de me laisser partir.
FAUST: Faust:
So bleibe doch noch einen Augenblick,
Um mir erst gute Mär zu sagen.
Reste encore un instant
pour me dire la bonne aventure.
MEPHISTOPHELES:
MÉPHISTOPHÉLÈS:
Jetzt laß mich los! ich komme bald zurück;
Dann magst du nach Belieben fragen.
Eh bien, lâche-moi toujours !
Je reviendrai bientôt, et tu pourras m’interroger à ta fantaisie.
FAUST: Faust:
Ich habe dir nicht nachgestellt,
Bist du doch selbst ins Garn gegangen.
Den Teufel halte, wer ihn hält!
Er wird ihn nicht so bald zum zweiten Male fangen.
Je ne t’ai point dressé d’embûches,
tu t’es toi-même pris au piège.
Quand tu tiens le diable, tiens-le ferme !
tu ne le reprendras pas de sitôt.
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Wenn dir's beliebt, so bin ich auch bereit,
Dir zur Gesellschaft hier zu bleiben;
Doch mit Bedingnis, dir die Zeit
Durch meine Künste würdig zu vertreiben.
Si cela te convient, je suis prêt
à rester ici pour te tenir compagnie,
mais à condition d’employer toutes les ressources
de mon art à le faire passer dignement le temps.
FAUST: Faust:
Ich seh es gern, das steht dir frei;
Nur daß die Kunst gefällig sei!
Volontiers, libre à loi ;
toutefois que l’art soit divertissant.
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Du wirst, mein Freund, für deine Sinnen
In dieser Stunde mehr gewinnen
Als in des Jahres Einerlei.
Was dir die zarten Geister singen,
Die schönen Bilder, die sie bringen,
Sind nicht ein leeres Zauberspiel.
Auch dein Geruch wird sich ergötzen,
Dann wirst du deinen Gaumen letzen,
Und dann entzückt sich dein Gefühl.
Bereitung braucht es nicht voran,
Beisammen sind wir, fanget an!
Tu vas, mon ami, dans cette heure, gagner plus pour tes sens
que dans la monotonie d’une année entière.
Ce que te chantent les aimables
Esprits, les belles images
qu’ils apportent,
ne sont pas de vaines illusions de la magie ;
tu sentiras ton odorat se délecter,
ton palais aussi ;
tu sentiras ton cœur nager dans le ravissement.
Foin des préparatifs inutiles !
Nous sommes réunis, commencez !
GEISTER: ESPÍRITUS:
Schwindet, ihr dunkeln
Wölbungen droben!
Reizender schaue
Freundlich der blaue
Äther herein!
Wären die dunkeln
Wolken zerronnen!
Sternelein funkeln,
Mildere Sonnen
Scheinen darein.
Himmlischer Söhne
Geistige Schöne,
Schwankende Beugung
Schwebet vorüber.
Sehnende Neigung
Folget hinüber;
Und der Gewänder
Flatternde Bänder
Decken die Länder,
Decken die Laube,
Wo sich fürs Leben,
Tief in Gedanken,
Liebende geben.
Laube bei Laube!
Sprossende Ranken!
Lastende Traube
Stürzt ins Behälter
Drängender Kelter,
Stürzen in Bächen
Schäumende Weine,
Rieseln durch reine,
Edle Gesteine,
Lassen die Höhen
Hinter sich liegen,
Breiten zu Seen
Sich ums Genüge
Grünender Hügel.
Und das Geflügel
Schlürfet sich Wonne,
Flieget der Sonne,
Flieget den hellen
Inseln entgegen,
Die sich auf Wellen
Gauklend bewegen;
Wo wir in Chören
Jauchzende hören,
Über den Auen
Tanzende schauen,
Die sich im Freien
Alle zerstreuen.
Einige klimmen
Über die Höhen,
Andere schwimmen
Über die Seen,
Andere schweben;
Alle zum Leben,
Alle zur Ferne
Liebender Sterne,
Seliger Huld.
Sombres ogives, Disparaissez !
Voûtes, laissez Les splendeurs vives
D’un jour ami Entrer ici !
Nuages, voiles,
Déchirez-vous ! Blanches étoiles,
Soleils plus doux, Allumez-vous !
Beautés, images, Essaims ailés,
Amoncelez Vos frais nuages ;
Flottez, volez Dans les espaces ;
Suivez les traces De nos désirs.
Aux frais Zéphirs, Aux brises pures,
Dénouez tous Les plis jaloux
De vos ceintures,
Et semez-en
Le petit champ
Et la verdure,
Où les amants,
L’âme accablée,
Quand la feuillée,
Au gai printemps,
S’exhale et tremble,
Rêvent ensemble
À leurs tourments.
Verte rainure !
Bourgeons naissants,
La grappe mûre
Dans le pressoir
Se laisse choir,
Et la vendange,
À travers champs,
Coule à torrents
Sous une frange
De diamants.
Spectacle étrange ! Elle se change
En vastes mers,
Où se reflète
La blonde tête Des coteaux verts,
Et l’essaim nage
Dans un nuage
De volupté. Rêve enchanté !
Joie éternelle ! Il tend son aile,
Vers les soleils Il plane ; aspire,
Dans son délire, Aux bords vermeils
Des îles blondes,
Au sein des ondes, Toujours en fleur,
Où tout un chœur
Chante à voix pleines, Où sur les plaines,
Dans les vergers,
Tournoie et vole La danse folle
Aux pieds légers !
Les uns habitent Dans la splendeur De la hauteur ; D’autres s’agitent Au fond des mers ;
D’autres palpitent Au sein des airs ;
Tous, pour la vie,
Tous poursuivant Au firmament
L’ardeur chérie
D’un astre errant,
Pur diamant
Qu’on glorifie !
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Er schläft! So recht, ihr luft'gen zarten Jungen!
Ihr habt ihn treulich eingesungen!
Für dies Konzert bin ich in eurer Schuld.
Du bist noch nicht der Mann, den Teufel festzuhalten!
Umgaukelt ihn mit süßen Traumgestalten,
Versenkt ihn in ein Meer des Wahns;
Doch dieser Schwelle Zauber zu zerspalten,
Bedarf ich eines Rattenzahns.
Nicht lange brauch ich zu beschwören,
Schon raschelt eine hier und wird sogleich mich hören.
Der Herr der Ratten und der Mäuse,
Der Fliegen, Frösche, Wanzen, Läuse
Befiehlt dir, dich hervor zu wagen
Und diese Schwelle zu benagen,
So wie er sie mit Öl betupft-
Da kommst du schon hervorgehupft!
Nur frisch ans Werk! Die Spitze, die mich bannte,
Sie sitzt ganz vornen an der Kante.
Noch einen Biß, so ist's geschehn.-
Nun, Fauste, träume fort, bis wir uns wiedersehn.
Il dort ! c’est bien. Gentils enfants de l’air,
vous l’avez fidèlement enchanté,
et je vous suis obligé de la symphonie.
Non, tu n’es pas encore homme à tenir le diable !
Évoquez à ses yeux les plus douces visions des songes ;
plongezle dans un océan d’illusions !
Quant à moi, pour rompre le charme de cette porte,
j’ai besoin d’une dent de rat ;
je n’aurai pas longtemps à conjurer ;
en voici déjà un qui grignote par ici et qui m’entendra bientôt.
Le Seigneur des rats et des souris,
des mouches, des grenouilles, des punaises et des pous,
t’enjoint de mettre le nez dehors,
et de venir ici ronger le seuil de cette porte
sitôt qu’il l’aura frotté d’huile !…
Bien, en trois bonds te voilà déjà.
Or, çà, vite à l’ouvrage !
La pointe qui m’a repoussé,
elle est là tout au bord ; encore un coup de dent, et c’est fait.
Maintenant, Faust, rêve à ton aise ; jusqu’au revoir.
FAUST (erwachend): FAUST, s’éveillant.
Bin ich denn abermals betrogen?
Verschwindet so der geisterreiche Drang
Daß mir ein Traum den Teufel vorgelogen,
Und daß ein Pudel mir entsprang?
Suis-je donc encore une fois déçu ?
Cette nuée d’Esprits a-t-elle bien pu s’évanouir ainsi ?
Qu’un songe m’ait montré le diable,
et qu’un barbet m’ait échappé !





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